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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/503

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les oies vivantes ou qui viennent d’être tuées ; dans ce dernier cas, il faut se hâter de les en dépouiller, et faire en sorte de terminer l’opération avant que l’oiseau soit entièrement refroidi : la plume en est infiniment meilleure ; on est encore dans l’usage de leur tourner les pattes derrière le dos, de manière à tenir les ailes, sans quoi elles se casseroient, et les oies ne seroient plus de vente.

Dessiccation des plumes. Quelles que soient les espèces d’oiseaux qui fournissent le plus abondamment des plumes, celles dont on fait le plus de cas doivent être recueillies sur l’animal vivant ; et il est facile de les reconnoître, en ce que leurs tuyaux, étant pressés sous les doigts, donnent un suc sanguinolent ; celles qui ont été arrachées après la mort sont sèches, légères et sujettes à être attaquées par les vers et les mites ; mais les plumes et le duvet de la meilleure qualité, recueillis avant la mue et dans la saison qu’il convient, demandent, comme nous l’avons déjà observé, des précautions pour les conserver en bon état ; les plumes emportent toujours avec elles une matière grasse et lymphatique qui, en s’altérant, leur communique une odeur extrêmement désagréable. Il faut donc leur faire subir une dessiccation préalable, les exposer au four après que le pain en est retiré ; il convient même de porter cette dessiccation plus loin, quand il est question des plumes des oiseaux aquatiques, à cause de leur nature très-huileuse.

Quand cette dessiccation préalable a été opérée, on transporte les plumes dans un lieu sec et aéré ; on les remue tous les jours : par ce moyen, on dessèche la moelle que contiennent intérieurement les tuyaux ; les parties graisseuses et membraneuses de leur surface se dissipent en poussière ; alors la plume peut se conserver pendant des siècles ; mais si on néglige ces précautions, si la plume n’est pas réduite à un état de pure parenchyme, si elle renferme des sucs à moitié desséchés, alors elle deviendra la proie des insectes ; dans ce cas, il faut la blanchir dans une eau de savon, et la laver ensuite à plusieurs eaux ; opération secondaire qui déterminera qualité élastique de la plume et occasionne des déchets.

Ce que nous disons de la plume est applicable à la laine ; si elle a été mal épurée, le suint et les matières grasses dont elle s’imprègne attirent les insectes ; il faut alors la laver pour prévenir la destruction de la totalité, et la dépouiller de cette graisse naturelle qui se corrompt.

Dans l’incertitude où l’on est du choix des matières premières employées dans les couchers d’une maison de campagne, il faut les mettre sur une claie supportée par des tréteaux au milieu d’une grande pièce bien aérée, les remuer, les battre de temps à autre avec des houssines, les exposer souvent au grand air, au froid par les beaux jours d’hiver, et au soleil dans le commencement du printemps, pour en écarter cette espèce d’insectes de la classe des phalènes, qui ne propagent qu’à l’ombre et dans le repos ; le grand jour et l’agitation sont des moyens infiniment préférables aux plantes aromatiques proposées dans la vue d’opérer cet effet.

Le procédé d’épuration consiste à mettre dans trois pintes d’eau bouillante une livre et demie d’alun ; et autant de crème de tartre qu’on délaie dans vingt-trois autres pintes d’eau froide ; à y laisser tremper pendant quelques jours les laines, après quoi on les lave et on les sèche ; elles ne sont plus exposées aux insectes.

La pureté des plumes et des laines dont on se sert pour faire des matelas et des coussins, doit sans doute être regardée comme un premier objet de salubrité. Les émanations animales peuvent, dans une foule de circonstances, préju-