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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/510

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et ces désastres ont souvent eu pour causes primitives celles qui amènent la pommelière.

Ces pertes ont souvent mis des cultivateurs de la Brie, de la Beauce, dans la nécessité de solliciter les secours du gouvernement ; les accidens se répétant, les plaintes se renouvellent de même. On croit beaucoup mieux de prévenir tous ces désordres, que la cupidité inventa et que l’ignorance entretient.

La pommelière est très-fréquente aux environs de Paris ; les résidus de la bière et de l’amidon qu’on fait manger aux vaches chez quelques nourrisseurs, en aggravent encore les causes.

Les bouchers qui achètent cette basse viande, sont appelés marcandiers.

Les vaches que les malheureux mènent à la corde pour pâturer le long des chemins, fournissent de bon lait, et sont exemptes de cette maladie. C’est un des motifs qui portèrent Louis XVI, en 1784, au bienfait que nous allons rapporter. Au lieu de donner des secours pécuniaires, comme il étoit d’usage, aux indigens des environs de Paris, il fit acheter un nombre considérable de vaches, que M. Berthier, intendant de police, distribua aux familles pauvres de sa généralité.

On avoit en vue de multiplier les bêtes à cornes, que différentes circonstances avoient rendues trop peu communes. Les particuliers à qui l’on en donna furent obligés de les soigner en bons pères de famille, sans pouvoir les vendre ; ils devoient les faire couvrir par un taureau dans les temps convenables, et remettre en remplacement deux génisses de leurs élèves.

Les bons effets de cette mesure ont été sensibles pendant quelques années ; mais il n’en reste pas de traces aujourd’hui.

Il ne paroît pas que cette maladie soit contagieuse.

Les causes agissent d’une manière très lente ; quand le nourrisseur juge ses bêtes malades, elles sont près de succomber, et il est loin de soupçonner qu’elles soient affectées dans un temps où elles fournissent beaucoup de lait.

Il périt toujours quelques vaches, à divers intervalles, dans le courant de l’année ; mais on les remplace, et l’on oublie cette perte. Il y a même des particuliers à qui l’expérience fait prévoir l’époque des mortalités ; ils comptent ordinairement sur la mort d’un huitième ou même d’un sixième par an, eu égard à l’âge, à la force de leurs bêtes, et au régime qu’ils leur font suivre. En général, on prévient l’accident en livrant au boucher les bêtes affectées, lorsqu’il leur reste encore une certaine apparence de santé ; mais il survient quelquefois des saisons fâcheuses qui accélèrent les mortalités et qui dérangent les calculs.

Toutes les fois qu’il y a ainsi des causes qui déconcertent les nourrisseurs, on voit les marcandiers augmenter la terreur qu’inspirent ces événemens, pour obtenir à vil prix cette basse viande que, pour leur compte, ils savent bien vendre aussi cher que de coutume.

Cette maladie paroît commune à tous les pays où l’on sollicite dans les vaches une sécrétion extrême de lait. On la voit en Suisse, dans les départemens de la Meurthe, du Jura, du Doubs, des Vosges, etc. Le séjour que les vaches vont faire dans les montagnes pendant la belle saison, ne suffit pas sans doute pour détruire le mauvais effet de la chaleur des étables et de la sécrétion forcée du lait auquel elles sont soumises pendant l’hiver.

La pommelière est mise au rang des cas rédhibitoires à Paris, suivant l’arrêt de règlement du 14 juin 1721.

Traitement. En considérant les causes et les altérations qui existent dans cette maladie, on sent bien que l’art n’a aucun pouvoir pour la guérir. Nos conseils seroient plus efficaces pour l’empêcher de