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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/56

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de maille sans forme ou anse, que l’on passe dans un clou à crochet, observant que le nœud qui la forme et d’où part le fil de l’aiguille, soit sur le milieu à peu près de la branche gauche de l’anse. Sous celle anse on place son moule, on fait une première maille par le procédé ordinaire, et à côté de celle maille on forme une accrue ; c’est-à-dire que, comme je l’ai décrit pour le nœud sur le pouce, on fait passer son fil de dessus en dessous du moule ; puis, passant l’aiguille dans l’anse de dessous en dessus, on ramène ce fil sous le pouce, d’où on le jette à gauche en demi-cercle ; et, passant la pointe de l’aiguille en dessous, entre la jambe gauche de l’anse et à travers ce demi-cercle, on tire et forme le nœud d’où résulte une espèce de seconde anse ou accrue couchée à côté de la première maille. Ceci fait, on dégage le moule, et, retournant ses fils bout pour bout, l’accrue se trouve à gauche et la maille à droite. Le moule étant placé au bas de cette accrue, on maille sur elle comme si elle étoit une véritable maille, et on fait deux mailles de file, l’une qui vient après l’accrue, l’autre après la véritable première maille, et au bout de ces deux mailles on jette comme ci-dessus une nouvelle accrue ; puis, dégageant le moule, on retourne de nouveau le filet ; par-là, cette seconde accrue se reporte à gauche pour commencer sous elle son troisième rang. En poursuivant ainsi, et jetant toujours une accrue de plus après une maille de plus, le nombre des mailles augmentera d’une à chaque rang. Quand on sera parvenu à augmenter jusqu’au point que l’on aura déterminé pour l’étendue de son filet, on fera l’opération inverse des rapetisses ; c’est-à-dire qu’à cette rangée qui détermine le maximum, au lieu d’accroître, on forme sa dernière maille en passant son aiguille dans les deux dernières du rang supérieur que l’on prend et rassemble toutes deux sous un seul nœud ; renouvelant cette opération à chaque fin de rangée, elles diminueront toutes progressivement de chacune une maille, et le filet finira enfin par une, comme il a commence. On voit donc que les rapetisses sont l’inverse des accrues, et qu’elles ont lieu quand on embrasse deux mailles sous le nœud d’une seule. Les filets carrés ont les premières mailles de leur bordure à jambes fort inégales ; ceci est la suite nécessaire de la construction que je viens d’expliquer ; puisque chaque première maille étant faite sous une accrue, sa première jambe part du haut de cette accrue, et sa dernière se rattache au bas ; cela fait qu’il règne autour du filet une espèce de cordonnement formé de mailles sans formes : c’est une sorte de hors-d’œuvre que la construction ne peut éviter. En sortant de la main du laceur, le filet paroît plus long que large, parce, qu’il est étendu sur sa diagonale ; mais, en le détirant et l’étendant carrément, il prend sa forme, et les mailles se trouvent placées comme les quadrilles du damier. D’après ce qui vient d’être dit, la fabrication d’un filet carré long ou rectangle et à mailles carrées, ne présentera pas une grande difficulté. Ce filet diffère du précédent en ce que sa longueur excède sa hauteur ; mais d’ailleurs ses côtés opposés sont parallèles et se joignent à angle droit comme dans le carré. Ces espèces de nappes servent dans la composition des trémaux ou tramaux et filets contre-maillés. C’est entre deux rets de cette espèce qu’on place la toile en losange. (Voyez la description du tramail, à l’article Caille.) Si donc on veut fabriquer un filet carré long, on le commencera comme un filet simplement carré ; et lorsque l’on aura assez maillé, pour que l’un des côtés faits puisse être regardé comme la hauteur qu’on veut donner à son filet, on fera de ce côté une rapetisse, en prenant ensemble, avec l’aiguille, les deux mailles supérieures à la dernière que l’on forme ; puis, poursuivant une nouvelle rangée au bout de celle ran-