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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/567

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puits est saine et bonne à boire. Elle hausse et baisse avec le flux et le reflux, principalement devant les hautes marées.

Le cultivateur qui se dirige d’après ces principes, examine, lorsqu’il veut faire un navazo, le terrain sur lequel il doit opérer ; s’il est maître du choix, il préfère celui qui se trouve le plus bas, et qui est couvert des monceaux de sable les plus petits ou les moins nombreux, par la raison que le travail à faire est alors moins long et moins pénible. Dans tous les cas, il forme son plan de manière a n’enlever du sol que la moindre quantité possible de sable. J’ai calculé que, généralement, on en transporte, sur une superficie donnée, l’épaisseur de seize décimètres (cinq pieds.)

Comme le terrain situé auprès de la ville surpasse en valeur des terrains plus éloignés, et que le cultivateur trouve dans sa culture le remboursement de ses frais, et la récompense de ses travaux, il entreprend l’exploitation de ce terrain, malgré que les difficultés à surmonter soient plus considérables. Il enlève souvent des monticules hauts de six à sept mètres. Il transporte le sable sur les plateaux les plus élevés ; et il forme ainsi autour du champ des espèces de chaussées (Voyez la Pl. VIII) ou digues inégales en hauteur et en largeur, selon que la quantité de sable à extraire est plus ou moins grande. Elles ont communément de huit à dix mètres (vingt-cinq à trente pieds) de large sur deux et demi à trois (huit à neuf pieds) de hauteur. Elles servent de rempart contre l’invasion des hommes, et sur-tout des animaux. On est forcé, pour éviter un travail inutile, de transporter le sable dans le lieu le plus près de celui où l’on travaille. C’est par cette raison que la forme qu’on donne aux champs est souvent irrégulière. Elle présente ordinairement un carré long dans le sens du Guadalquivir ; quelquefois elle est triangulaire ; mais on cherche toujours à lui donner la plus grande régularité possible. On conçoit que la grandeur des navazos doit varier, puisqu’elle est subordonnée à la configuration du sol. J’en ai mesuré un qui avoit une contenue moyenne, et qui portoit quarante mètres de large sur cent de long (vingt toises sur cinquante). Un travail aussi pénible, qui toujours est entrepris par des cultivateurs indigens ou peu aisés, ne peut être terminé qu’au bout de quelques années ; aussi l’on commence toujours par les parties les plus basses ; on a alors une moindre quantité de sable à enlever, et la jouissance est plus prompte. Si l’année pendant laquelle on commence à préparer un navazo est pluvieuse, au lieu de creuser à la profondeur nécessaire, on laisse au terrain une profondeur de deux décimètres (huit pouces) en sus : car, dans ce cas, la végétation pouvant avoir lieu, on diffère ce travail pour l’année suivante, et l’on défriche une plus grande quantité de terrain dès la première année. On est forcé au contraire de creuser à la profondeur donnée, lorsque les pluies ont été peu abondantes.

Après avoir déblayé le champ de toute la quantité surabondante de sable, on lui donne un nivellement exact ; et l’on forme sur ses côtés, le long des digues, des fossés AA (Voyez la Planche), pour l’écoulement des eaux qui sont si abondantes pendant la saison des pluies. En effet, sans cette précaution, la superficie du sol seroit submergée. Outre ces fossés qui embrassent la circonférence du champ, on en pratique d’autres BB (Voyez la Planche) qui viennent aboutir à ceux-ci, et qui divisent le terrain en une quantité plus ou moins grande de carreaux. Ils servent à recevoir les eaux surabondantes du champ, et vont aboutir, par une pente presque insensible, à un ou plusieurs points de la digue la plus voisine du fleuve. Comme les travaux du défrichement sont considérables, on diffère ordinairement à la seconde année la formation des fossés qui doivent diviser le champ ; ces fossés et ceux qui bordent les digues sont profonds d’environ cinq décimètres (un pied et demi), de sorte qu’en creusant un demi-décimètre, ou un mètre plus avant, on trouve la superficie de l’eau. Ils ont à leur base trois à quatre décimètres (onze à quinze pouces) de large ; et leurs côtés forment un talus de cinquante degrés. Ils servent d’allées lorsqu’on veut se transporter d’une partie d’un narazo à l’autre. On