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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/592

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Notre maison de commerce (tollard, frères, grènetiers et pépiniéristes, à Paris) a fourni des semences à l’administration forestière de France, desquelles sont sortis plusieurs milliers de sophoras qu’on voit dans la pépinière forestière de Mousseaux, et qui ont été plantés dans les pépinières forestières des départemens. Nous avons semé une grande quantité de sophoras, et nous en possédons beaucoup. Cet arbre prospère sur tous les points de l’Empire ; et les diverses plantations qui ont été faites à toutes les températures de la France en assurent désormais la naturalisation.

J’ai voulu faire ressortir quelques uns des avantages les plus saillans du sophora, et le venger de l’oubli auquel on l’avoit injustement condamné jusqu’alors. (Tollard aîné.)

SOUPES ÉCONOMIQUES ou POTAGES. Cet objet tient de si près à l’économie domestique, qu’il nous a paru devoir figurer dans un ouvrage consacré à l’agriculture et à l’intérêt de ceux qui pratiquent le premier des arts. Je me propose donc de renfermer dans un seul article les différentes espèces de potages, imaginées par le luxe de la table ou par l’empire des besoins, pour préparer un aliment plus ou moins liquide, savoureux, nutritif. Ce genre de mets par lequel commence ordinairement le dîner du riche comme celui du pauvre, qui forme la partie la plus essentielle, quelquefois même l’unique du repas de ce dernier, a arrêté, dans ces derniers temps, l’attention du gouvernement pour créer des ressources en faveur de la classe laborieuse. Nous terminerons cet article par quelques observations sur les secours que pourroient répandre autour d’elles les personnes bienfaisantes qui voudroient adopter, pour les indigens qu’elles sont dans l’habitude de soulager, un système de nutrition capable de décupler le patrimoine de la misère.

Toutes les boissons fermentées, le lait des animaux, le lait d’amandes, etc., peuvent servir de véhicule ou d’excipient aux matières muqueuses, gélatineuses et extractives qui constituent les différens potages ; mais c’est l’eau sur-tout qu’on emploie le plus communément à cet usage, ce n’est que par le concours du feu qu’on parvient à identifier ce liquide avec la substance alimentaire, et à donner à celle-ci cette mollesse et cette flexibilité si nécessaires pour la transformation en chyle, d’où résulte, disons le mot, une soupe.

En effet, quoique nos connoissances relatives à la manière d’agir de l’aliment soient encore fort incomplètes, on ne sauroit douter que l’eau ne joue le plus grand rôle dans la fonction importante de la nutrition, et que, dans le pain, par exemple, elle n’entre quelquefois pour un tiers et n’y devienne elle-même solide et alimentaire. Ainsi, dans son passage à l’état de soupe, la matière nutritive, au moyen d’une cuisson ménagée et lente, n’a subi d’autres changemens que sa combinaison intime avec l’eau, et un plus grand développement dans ses propriété alimentaires.

Il semble que cette vérité ait frappé depuis long-temps les meilleurs observateurs en économie ; ils ont remarqué que la même quantité de farine, sous forme de bouillie, nourrissoit moins long-temps et moins efficacement, par conséquent, que celle qui se trouvoit dans un état moins consistant ; que l’eau combinées modifiée d’une certaine manière, avoit une influence sensible, et sur la qualité, et sur les résultats de la nourriture.

Mais un autre avantage de l’aliment amené à l’état de soupe, c’est de ne réuni toutes ses qualités que quand il se trouve pourvu d’un certain degré de chaleur ; or, on sait, d’après une suite d’expériences comparatives faites par des fermiers intelligens, que la substance solide ou liquide, qui a éprouvé la cuisson et qui conserve encore un peu de calorique lorsqu’on l’administre aux animaux, est incontestablement plus alimentaire, plus salubre ; que le bénéfice résultant de cette pratique dédommage amplement des soins, du temps et des frais qu’elle occasionne nécessairement.

Aussi voyons-nous dans les annales de l’espèce humaine, l’aliment qui renferme le plus d’eau et de calorique, la soupe, appartenir tous les âges, à tous les états, à tous les banquets ; elle est, après le lait, le premier aliment de l’enfance ; et, dans tous les périodes de la vie, les Français sur-tout ne s’en lassent jamais ; le soldat à l’armée, le matelot en mer, le voyageur en route, le laboureur au retour de sa charrue, le moissonneur, le vendangeur, le faucheur, le journalier, qui vont quelquefois travailler loin de leurs foyers, trouvent dans la soupe un aliment qu’aucun autre ne sauroit suppléer ; la plupart d’entr’eux croiroient n’être pas nourris si elle leur manquoit.

Je m’abstiendrai de faire ici l’énumération d’une foule de recettes exécutées à différentes