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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/618

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d’assolemens qui achèveront de fixer les idées du lecteur.

Assolemens de deux ans. Féveroles fumées et sarclées, blé.

Assolemens de trois ans. Fèves fumées, blé, trèfle, fèves fumées, blé, gesses pour fourrages ; pommes de terre fumées, avoine, trèfle rompu à la bêche pendant l’hiver ; choux fumés, avoine, trèfle ; colza fumé et pâturé, blé, trèfle.

Assolemens de quatre ans. Gesse fumée et coupée en vert, avoine, trèfle, blé ; fèves fumées et sarclées deux fois, blé, trèfle, blé ; pommes de terre fumées, avoine, trèfle, blé ; pommes de terre sur un labour à la bêche et fumées, blé, trèfle, blé ; choux fumés, avoine, trèfle, blé ; colza fumé et pâturé, blé, trèfle, blé, colza fumé et pâturé ; blé, fèves fumées ; blé, fèves, choux fumés ; fèves, blé.

Assolemens de cinq ans. Gesses pour fourrages, pommes de terre fumées, avoine, trèfle, blé ; fèves fumées, blé, trèfle, blé, gesses coupées en vert ; pommes de terre fumées, avoine, trèfle, blé, gesses pour fourrages ; pommes de terre sur un labour à la bêche et fumées, blé, trèfle, blé, gesse pour fourrages ; choux fumés, avoine, trèfle, blé, gesses pour fourrages ; colza fumé et pâturé, blé, trèfle, blé, gesses pour fourrages ; colza fumé et pâturé, blé, fèves fumées, blé, gesses pour fourrages ; fèves, choux fumés, fèves, blé, gesses pour fourrages.

Assolemens pour six ans. Fèves fumées, blé, pommes de terre fumées, avoine, trèfle, blé ; pommes de terre fumées et labourées à la bêcne ; blé, fèves, blé, fèves fumées, blé ; choux fumés, avoine, trèfle, blé, fèves fumées, blé ; colza fumé et pâturé, blé, fèves, blé, pommes de terre fumées, avoine.

Pictet, de qui j’ai pris ces assolemens, ajoute que les pièces qui ont été mises en prés-gazons peuvent rester telles jusqu’à ce que les convenances du domaine ou une altération sensible dans la quantité d’herbes qu’elles produisent, avertissent que c’est le moment de les rompre. Il importe alors d’adopter un assolement qui prolonge le plus long-temps qu’il est possible l’influence féconde du gazon décomposé. Les expériences d’Arthur-Young sur les assolemens, nous apprennent que les fèves ont, à un degré éminent, la faculté de conserver et de renouveler l’influence fertilisante du gazon pourri, et ces expériences démontrent en même temps que les pommes de terre ne conviennent pas dans un terrain froid qui étoit un pré auparavant ; enfin, les faits qui résultent du travail de cet agriculteur, font voir que dans les prés rompus, tant que le gazon n’est pas entièrement consommé, l’avoine donne plus de profit que le blé.

Voici donc l’assolement que Pictet propose pour ces sortes de terres : fèves, avoine, fèves, avoine, fèves, blé.

Le même ajoute encore : il est quelques productions d’une convenance locale ou d’une consommation facile et commode pour le fermier, qui peuvent être avantageusement placées sur les terres argileuses, telles que sont le chanvre, le lin, les carottes, la racine de disette, etc. Le chanvre et le lin peuvent entrer dans les assolemens des glaises fécondes ; mais dans les glaises médiocres et stériles, ces productions ne sont point profitables. Les terrains qui leur conviennent par-dessus tout sont les luts gras, les terreaux fertiles, les sols d’alluvion ; et, dans ces terrains-là, les raves peuvent succéder avec avantage dans la même année, ce qui n’est pas possible dans les glaises froides. Ainsi ces mêmes raves, qui produisent de si bons effets dans les terres légères, ne doivent que rarement entrer dans les assolemens des terres argileuses.

Un grand reproche que l’on peut faire aux assolemens anglais, d’ailleurs si dignes d’être imités, c’est, je l’ai déjà observé plusieurs fois, qu’ils ne s’étendent pas sur un assez grand nombre d’espèces de grains ou de fourrages. En effet, le trèfle et les fèves qui s’y retrouvent si souvent, finissent par épuiser le terrain, quelque fumé qu’il soit.

Cet inconvénient est déjà senti par les cultivateurs éclairés, et Arthur-Young le mentionne souvent dans ses Annales. Il paroît même que plusieurs de ces cultivateurs agissent en conséquence. L’assolement suivant est pratiqué avec avantage par eux : blé, pommes de terre, avoine, fèves, blé, sainfoin ; ou bien, fèves, choux, blé, pommes de terre, avoine, fèves, blé, pimprenelle, deux ans. On a remarqué que presque toujours l’avoine vient mieux après les pommes de terre que toute autre espèce de grain, et que les fèves sont, de toutes les plantes, celles qui maintiennent le mieux la fertilité du sol, quelle que soit la nature de la plante qui lui succède. La pomme de terre paroît une des plantes les plus épuisantes, et elle doit en conséquence être ménagée, à moins que les fumiers ne soient abondans.

Les assolemens dans les terrains de la nature de celui dont il est ici question ont bien moins besoin d’être fumés que dans ceux qu’on appelle légers : on en cite qui ne