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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/628

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haut, donc la taupe qui les a faites les a quittées depuis peu.

Ces observations indiquent qu’il y a dans ce pré cinq taupes, deux mâles, deux femelles et une jeune ; les mâles travaillant plus vite, doivent être guettés de plus près que les femelles. On doit aussi veiller de près les jeunes, qui ne faisant qu’effleurer la terre, vont fort vite en besogne.

Lorsqu’une taupe n’a fait qu’un trou, fig. 1, j’enlève d’abord la taupinière avec la terre, et je m’assure si elle n’a pas de communication avec les taupinières voisines. Pour y parvenir, je tousse dans l’ouverture que j’ai faite, c’est-à-dire à l’ouverture du boyau commencé : j’en approche en même temps l’oreille ; si la taupinière n’a pas de communication, la taupe est peu éloignée ; effrayée par le bruit je l’entends s’agiter et elle ne peut m’échapper. Je découvre le boyau de a en b avec la houe et le suis jusqu’en b, où je rencontre la taupe. Mais l’animal, connoissant le danger, a peut-être eu le temps de s’enfoncer en terre en y formant un boyau bc ; alors j’ai deux moyens pour la prendre : je creuse jusqu’en c où je rencontre ma proie, ou bien je verse de l’eau en b, et l’animal s’y présente de lui-même.

Si en toussant je n’ai pas entendu l’animal s’agiter, c’est la preuve qu’il a au moins deux taupinières AB, fig. 2, et j’opère de la manière suivante : je fais une ouverture de d en e de plus de neuf pouces dans la direction du boyau qui communique d’une taupinière à l’autre ; je ferme avec un peu de terre les deux extrémités de du boyau. Frappée par le grand air, et craignant pour sa sûreté, la taupe vient quelques instans après pour réparer le dommage fait à sa galerie souterraine ; elle souffle ou pousse de la terre avec ses pattes en d, ou en c. Si elle se présente en d, je suis assuré de la trouver entre ce point et la taupinière A. Si c’est en e, je suis certain qu’elle est entre ce point et la taupinière B. Dans l’un ou l’autre cas, j’opère comme si ma proie n’avoit pour taupinière que celle où elle se trouve arrêtée.

Si une taupe a trois taupinières CDE, fig. 3, je multiplie mes sections en fghi ; la taupe viendra alors souffler en f, en h, en g ou en i ; si elle souffle en f, elle est enfermée entre ce point et la taupinière C ; si elle souffle en i, elle se trouve enfermée entre ce dernier point et la taupinière E ; si elle souffle en g ou en h, elle est dans l’espace intermédiaire entre ces deux points. Dans ces trois hypothèses, j’opère comme dans le premier cas, en découvrant l’espace où se trouve la taupe. Si la taupe est enfermée en g ou en h, et que je ne veuille pas découvrir tout cet intervalle, j’enlève la taupinière B, et je fais à sa place une troisième incision ; j’attends que la taupe ait soufflé ; le côté où elle se présente m’indique si je la trouverai entre la troisième incision et le point g, ou entre cette incision et le point h.

Si une taupe a six taupinières FGHIKL, fig. 4, je fais une incision kl ; si la taupe vient souffler, en ce cas elle est enfermée entre ce point et la taupinière f ; si au contraire elle, souffle en l, elle est enfermée entre ce dernier point et la taupinière L ; alors j’agis comme dans le cas où il existe seulement trois taupinières.

Lorsqu’une ou plusieurs taupinières fraîches se trouvent près de vieilles taupinières, il faut d’abord faire des coupures qui interrompent toutes communications entre les unes et les autres ; et lorsqu’on est parvenu à reconnoître l’endroit où la taupe se présente pour souffler, on agit comme dans les premiers cas.

Si l’on attaque plusieurs taupes à la fois, il faut être très-actif et très-vigilant, parce que lorsqu’on est occupé à guetter une taupe, une autre peut traverser le boyau que l’on a découvert ; pour s’apercevoir plus facilement de ses mouvemens, on place dans ce cas un étendard de paille ou de papier, dont l’agitation ou la chute indiquent la présence de la taupe, à laquelle on rend encore le passage plus difficile par une petite motte de terre placée dans sa galerie.

Lorsqu’on veut employer avec succès les alimens empoisonnés destructeurs des taupes, tels que les noix bouillies dans une forte lessive, ou la ciguë, la racine d’ellébore couverte de farine d’orge, l’arsenic placé sur le blanc d’un poireau, on fera des incisions comme si on vouloit prendre les