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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/669

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le chenil, on change journellement la paille des bancs sur lesquels couchent les chiens ; et, à ce propos, je ferai observer que la paille de seigle est préférable à celle de blé, qui se brise, pique les chiens et leur fait venir des boutons. Deux fois le jour on fait sortir ces animaux, ce qui s’appelle leur faire prendre l’ébat ; on les étrille, on les brosse et on leur fait le fouet, c’est-à-dire qu’on leur coupe avec des ciseaux les longs poils du dessous de la queue, en allant du bas en haut. Ce pansement les conserve sains et vigoureux, et les rend capables de rendre tous les services que l’on peut en attendre.

La meilleure nourriture pour les chiens, le traitement de leurs maladies et le pansement des blessures qu’ils reçoivent, ont été indiqués dans plusieurs articles de cet Ouvrage, comme du ressort de l’art vétérinaire ; je me contenterai d’y renvoyer le lecteur.

Un assemblage de chiens courans s’appelle meute. Dans les grands équipages, les chiens de meute sont les premiers que l’on découple pour attaquer ; et le premier relais qui donne après eux, s’appelle vieille meute. Les six chiens forment le dernier relais, formé des plus vieux chiens, et qui se donne seulement sur la fin d’une chasse : ce relais, malgré sa dénomination, est quelquefois composé de huit et de dix chiens. Outre un commandant des grands équipages, il y a des piqueurs, des valets de limiers, des valets de chiens, etc. On met ordinairement un piqueur par vingt chiens, c’est-à-dire, un veneur qui suive les chiens d’assez près à la chasse pour les aider et les faire manœuvrer, ce qui s’appelle piquer à la queue des chiens. Les piqueurs portent un cor de chasse, qui se nomme trompe en terme de vénerie, et dont ils sonnent différens tons, selon les circonstances. Il y a pour chaque piqueur deux valets de chiens, dont l’un monté et l’autre à pied. Si à tout cet attirail l’on joint un nombre de palefreniers et de chevaux, l’on aura l’équipage de chasse le plus complet, le plus fastueux, celui dont il doit être le moins question dans cet Ouvrage.

Les chevaux barbes, anglais et normands sont les meilleurs coureurs pour la chasse.

Du limier C’est un chien que l’on dresse pour détourner les animaux sauvages, c’est-à-dire, pour s’assurer qu’ils ne sont pas sortis d’une enceinte. La bonne race des limiers vient communément de Normandie. Il y en a de noirs ; mais ils sont plus communément d’un gris brun ; les noirs sont marqués de feu et ont aussi du blanc sur la ooitrine. Leur taille ordinaire est de vingt à vingt-deux pouces ; ils ont la tête grosse et carrée, le corps épais, les oreilles longues et larges, les cuisses et les reins bien faits et le nez très-bon ; ils sont vigoureux, hardis et même méchans.

Les qualités d’un bon limier sont d’être discret, d’avoir le nez fin et de suivre juste. Dans un équipage, les limiers sont toujours logés dans un chenil séparé. Leur éducation exige des soins et des connoissances ; il me faut pas les mener avant qu’ils aient quinze ou seize mois, encore doit-on s’assurer qu’ils sont formés et en bon état.

Quand on mène le limier au bois, on lui met la botte ; c’est un collier de quatre à cinq pouces de largeur, auquel est attachée la plate-longe, morceau de cuir long d’un Pied et large d’un pouce ; le trait ou corde de crin tient à un touret au bout de la plate longe. La saison la plus convenable pour dresser le jeune limier, est l’automne. Si la première fois qu’on le mène, il ne veut pas se rabattre, ou montrer qu’il trouve les voies, en mettant le nez à terre avec plus d’activité et s’élançant au bout de son trait, il faut lui faire voir quelques animaux, le mettre dans la voie, et s’il s’en rabat, l’encourager par des caresses. Si, après l’avoir conduit plusieurs fois, il ne veut ni suivre ni rabattre, on l’associera avec un limier dressé qui excitera son ardeur. Mais, si cette épreuve ne réussit pas, on avalera la botte du jeune chien, ce qui veut dire qu’on lui laissera la liberté de chasser à sa fantaisie l’animal sur les voies duquel on l’a mis. L’on ne doit pas se décourager si l’on voit qu’un limier se dresse difficilement ; les veneurs ont remarqué que les limiers tardifs, pourvu qu’ils soient de bonne race, se déclarent au moment qu’on s’y attend le moins, et servent plus long-temps que d’au-