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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/90

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spécialement dans la branche-tige la plus grande portion de la sève.

La seconde année, on continuera l’ébourgeonnement de la tige. On rabattra au croissant, et à un pied de cette tige, les branches écourtées l’année précédente, et on écourtera en éventail les branches latérales de la branche-tige, avec les mêmes précautions que nous avons indiqué dans la conduite des pépinières de plants de haute tige.

La troisième année, on supprimera les branches écourtées l’année précédente, et on écourtera les nouvelles branches latérales de la branche-tige. La quatrième année, mêmes opérations ; mais il ne faudra supprimer qu’un tiers des branches écourtées l’année précédente, afin que l’arbre puisse prendre une grosseur proportionnée à son élévation.

La cinquième année, on laissera reposer l’arbre, afin que sa tête prenne de la force.

La sixième année, on supprimera le reste des chicots de la seconde année, et la moitié des branches de la troisième année qui ont été écourtées dans la quatrième ; et on écourtera, toujours avec les mêmes précautions, les nouvelles pousses latérales de la branche-tige.

Enfin, on répétera les mêmes procédés tous les deux ans.

Il faut observer que la branche-tige ne sera pas toujours placée assez près de l’extrémité de la tige de l’arbre, pour qu’il ne reste pas un chicot au-dessus. On le rabattra le plus près possible de la naissance de la branche-tige, lorsque cette dernière aura acquis assez de grosseur pour pouvoir embrasser ce chicot avec son écorce ; et, en polissant la plaie convenablement, elle sera recouverte d’écorce au bout de deux ou trois ans, par la branche-tige, de manière à ne plus présenter, avec l’ancienne, qu’une seule et même tige.

De six à quinze ans de plantation, on doit laisser aux arbres isolés, en les émondant, autant de hauteur de tête que de longueur de tige, afin de leur procurer une grosseur proportionnée à leur hauteur. À vingt ans et au-dessus de cet âge, on les émondera jusqu’aux deux tiers de leur hauteur totale, mais jamais plus haut. Ce sont les proportions es plus belles et les plus avantageuses que l’on puisse donner à ces arbres.

Les nœuds des branches ou chicots supprimés par l’émondage doivent être rasés proprement sur la tige, de manière à n’y laisser aucune protubérance, aucun champignon. On coupera ces branches à la hachette, et on polira leurs nœuds avec une serpe droite ; la partie inférieure sera parée de bas en haut, et la supérieure, de haut en bas, afin de ne pas déchirer l’écorce environnante. En parant ces plaies, on les rendra un peu plus larges, et cependant elles seront beaucoup plus promptement recouvertes par l’écorce que par la manière ordinaire d’émonder ces arbres.

C’est par ces procédés que l’on parviendra à procurer de belles tiges aux arbres plantés isolément. Malheureusement ils ne sont guères connus que dans les environs de Paris, où même on commence à les négliger. Par-tout ailleurs, même dans les départemens de la France où le bois est le plus cher, ces arbres présentent des tiges difformes et couvertes de protubérances, depuis la tête jusqu’au pied, parce que, pour en obtenir tous les quatre ans un émondage plus abondant, on les a toujours émondés jusqu’à leur cime. Par cet usage, ils acquièrent, à la vérité, une hauteur plus grande que ne le comporte leur essence, mais leur tige frêle est très-facile à rompre par les vents, et sa difformité ne permet d’en retirer le plus souvent que du bois de chauffage.

On voit, par ce que nous venons de