Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/247

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synthèse. — Dans un tableau, s’il admet qu’il y ait une ligne maîtresse, une masse principale de lumière, une figure dominante, « c’est dans les mauvaises peintures, ajoute-t-il aussitôt, que vous verrez cette loi le plus rigoureusement manifeste ». — S’il parle d’harmonie, on dirait qu’il fait un traité des poisons. — S’il admet un groupement de figures, toutes les lois qu’il en donne dérivent de l’examen attentif des groupements végétaux. S’il souffre qu’une chose soit subordonnée à une autre, c’est qu’il a remarqué que chaque fois qu’une feuille est composée, c’est-à-dire divisée en d’autres feuillets qui l’imitent et qui la répètent, ces feuillets ne sont pas symétriques, comme la feuille principale, mais toujours plus petits en quelque partie, en sorte qu’un des éléments de la beauté subordonnée, dans tout l’arbre, réside en la confession de sa propre humilité ou sujétion. — En sculpture, les lois du paysage le dominent pareillement et lui dictent celles de la glyptique. Avant tout, il veut que la masse sculptée présente de loin un profil simple et pur et une surface insensiblement modelée, un « magnifique va-et-vient » de plans doucement fondus les uns dans les autres, — comme sont, dans la Nature, des collines vues à distance sous un coup de soleil latéral, ou comme sont des feuilles ondulées ou des fruits modelés, sans un