Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/51

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Sur le terrain purement agricole, éternel écueil de toute doctrine socialiste, on échoua. À la vérité, on trouva bien pour 50 000 francs une ferme de cinq à six hectares près de Mickley ; et d’autre part, divers amis de la Guild, possesseurs de landes ou de rochers incultes et incultivables, saisirent avec empressement cette occasion de s’en débarrasser en faisant le bonheur de l’humanité. C’est ainsi qu’on eut bientôt des terres à Barmouth, à Bewdley, dans le Worcestershire et en d’autres endroits. Seulement, comme on s’aperçut qu’aucun membre de la Guild n’était agriculteur et que vainement connaîtrait-on tous les secrets de Proserpine, on ne saurait fonder une colonie agricole si l’on n’a pas mis la main à la charrue, Ruskin se tourna vers les communistes et leur demanda leur concours. Il leur offrait ces terrains pour y expérimenter leurs idées sociales, pourvu qu’ils appliquassent ses idées esthétiques. Encore ne les obligeait-il pas, pour commencer, à frapper une monnaie particulière dans le goût du florin de Florence, ni à s’habiller comme les trois Suisses du Rütli. Les communistes acceptèrent un rendez-vous. Ruskin y vint en chaise de poste, avec des postillons fastueux, gorgeous, afin de ne pas donner un sou aux chemins de fer inesthétiques. C’est à Sheffield qu’il rencontra ses nouveaux alliés. Ils