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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/106

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GUILLAUME DE SAINT-AMOUR.

Assez i ot pro et contrà :
L’uns l’autre sovent encontra,
Alant et venant à la cort.
Li droit aus clers furent la cort,
Quar cil i firent lor voloir,
Cui qu’en déust le cuer doloir,
D’escommenier et d’assaudre :
Cui blez ne faut, sovent puet maudre[1].

Li prélat sorent cele guerre :
Si commencièrent à requerre
L’université et les frères
Qui sont de plus de .iiij. mères,
Qu’il lor lessaissent la pais fère.
Et guerre si doit mult desplère
A gent qui pais et foi sermonent
Et qui les bons examples donent,
Par parole et par fet ensamble.
Si comme à lor oevre me samble,

    cours empruntés. » Mais du moment que la secte des cornificiens (ainsi nommée par allusion au poète Cornificius, qui critiqua Virgile) eut attaqué ce mode d’enseignement, on l’abandonna peu à peu, et au 13e siècle les sept arts étaient complètement délaissés pour la logique ou philosophie. Je me trompe : on enseigna bien encore la grammaire, mais elle ne consista plus qu’à expliquer Priscien, grammairien du 6e siècle. Paris surtout se jeta à corps perdu dans ce mouvement, qui, joint à la théologie scolastique et aux disputes religieuses, fit reculer les belles-lettres à grands pas vers la barbarie. Heureusement que toutes les écoles du royaume n’approuvèrent pas ce changement. Les maîtres d’Orléans entre autres résistèrent, et développèrent même davantage l’étude de la grammaire. Il nous est resté de cette dissension un monument fort curieux : c’est le fabliau intitulé, La bataille des sept arts, dont M. Legrand d’Aussy a donné un aperçu dans le tome ve des Notices des Mss., pages 496-512, et qu’on trouvera tout entier dans la nouvelle collection de fabliaux que j’imprime.

  1. Ms. 7633. Var. Morre. — Ms. 7615, Var. Mordre.