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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/114

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GUILLAUME DE SAINT-AMOUR.

« Emporte tout ; a ci dolor
« Et grant contrère.
« Li douz, li franz, li débonère,
« Cui l’en soloit toz les biens fère,
« Sont en espace ;
« Et cil qui ont fauce la face,
« Qui sont de la devine grâce
« Plain par defors,
« Cil auront Dieu et les trésors
« Qui de toz maus gardent les cors.
« Sachiez, de voir,
« Mult a sainte chose en avoir
« Quant tel gent la vuelent avoir,
« Qui sanz doutance
« Ne feroient por toute France
« Jusqu’au remors de consciance.
« Mès de celui
« Me plaing qui ne trueve nului,
« Tant ait esté amez de lui,
« Qui le requière.
« Si me complaing en tel manière :
« Ha ! fortune ! chose légière,
« Qui oins devant et poins derrière[1],
« Comme es marrastre !
« Clergie, comme estes mi fillastre !

  1. On trouve à la pape 32 du Jeu de Pierre de la broce, espèce d’églogue anonyme qui doit être considérée comme l’un des premiers essais de notre théâtre, et que j’ai publiée en 1835, la répétition de ce vers. Cette circonstance pourrait donner à penser que Le jeu de Pierre de la broce, pièce toute politique touchant la mort du favori de saint Louis et de Philippe-le-Hardi, est de Rutebeuf, si cette locution, sinon très-poétique, du moins proverbiale, ne se retrouvait beaucoup trop fréquemment chez les trouvères pour qu’on pût en appuyer l’hypothèse dont nous parlons.