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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/133

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LA COMPLAINTE, ETC.

Que ne sai autre laborage :
Du plus parfont du cuer me vient.
Je sais bien, et bien m’en sovient,
Que tout à avenir covient
Quan c’ont dit[1] li prophète sage :
Or porroit estre se devient
Que la foi qui foible devient
Porroit changer nostre langage.

Nous en sons bien entré en voie ;
N’i a si fol qui ne le voie,
Quant Constantinoble est perdue,
Et la Morée se r’avoie
A recevoir tele escorfroie
Dont sainte Yglise est esperdue !
Que l’ cors a petit d’atendue,
Quant il a la teste fendue.
Je ne sai que plus vous diroie[2] !
Se Jésu-Chris ne fet aïue
A la Sainte Terre absolue,
Bien li ert esloingnie joie !

D’autre part vienent li Tartaire,
Que l’en fera mès à tart taire,
C’on n’avoit cure d’aler querre :
Diex gart Jasphes, Acre, Césaire !
Autre secors ne lor pui faire,
Que je ne sui mès hom de guerre.
Ha, Antioche ! sainte terre,
Qui tant coustastes à conquerre,

  1. Quan c’ont dit, tout ce qu’on dit ; quod ou quantum dicerunt.
  2. Ce vers manque au Ms. 7633.