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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/196

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Parmi Paris en vat trois paire ;
Toute jour ne finent de braire
Au .iij. cens qui ne voient goute.
Li uns sache, li autre boute :
Si se donent mainte sacoute,
Qu’il n’i at nul qui lor esclaire.
Se fex i prent, se n’et pas doute,
L’ordre sera brullée toute ;
S’aura li Rois plus à refaire[1].

Diex a non de filles avoir[2],
Mais je ne puis onques savoir
Que Dieux éust fame en sa vie.
Se vos créez mensonge à voir
Et la folie pour savoir,
De ce vos quit-je ma partie.
Je di que ordre n’est-ce mie,
Ains est baras et tricherie
Por la fole gent decevoir.
Hui i vint, demain se marie ;
Li lignaiges sainte Marie

  1. Comme on voit, Rutebeuf attribue cet établissement (et peut-être fait-il de même pour les autres fondations de saint Louis) moins à une véritable charité qu’à un besoin d’agitation. Je ne crois pas qu’il faille prendre ses critiques à la lettre. On voit dans Le dit crieries de Paris que les aveugles allaient criant par les rues : « Du pain à cels de Champ-porri ! » Ainsi s’appelait en effet l’emplacement où ils furent établis.
  2. Comme on donnait anciennement aux hôpitaux les noms d’Hotel-Dieu et de Maison-Dieu, on appelait aussi ceux qui y demeuraient Filles-Dieu et Enfants-Dieu. Saint Louis fonda sous ce nom une maison à Paris, où il mit plus tard deux cents religieuses en leur assignant 400 livres parisis tous les ans sur son trésor. Cette maison était hors de la ville, entre Saint-Lazare et Saint-Laurent. Les vœux que prononçaient les Filles-Dieu n’étaient point irrévocables.