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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/225

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DES RÈGLES.

Sanz avoir cureur[1] ont l’avoir,
Et li curez n’en puet avoir
S’à paine non du pain por vivre,
Ne achater .i. petit livre
Où il puisse dire complies ;
Et cil en ont pances emplies,
Et bibles et sautiers glosez,
Que l’en voit cras et reposez.
Nus ne puet savoir lor couvaine ;
Je n’en sai c’une seule vaine :
Il vuelent fère lor voloir,
Cui qu’en doie le cuer doloir ;
Il ne lor chaut, mès qu’il lor plèse,
Qui qu’en ait paine ne mesèse.
Quant chiés povre provoire vienent,
Où pou sovent la voie tienent
S’il n’i a rivière ou vingnoble,
Lors sont si cointe et sont si noble
Qu’il samble que ce soient roi.
Or covient por elz grant aroi
Dont li povres boni est en trape ;
S’il devoit engagier sa chape[2],
Si covient-il autre viande
Que l’Escripture ne commande.
S’il ne sont péu sanz défaut,
Se li prestres de ce défaut,
Il ert tenuz à mauvès homme,
S’il valoit saint Piere de Romme ;

  1. Ms. 7633. Var. Cure.
  2. Il paraît que ce qui avait lieu dans les rangs inférieurs du clergé se pratiquait aussi de pape à évêque. On lit à peu près la même chose dans le continuateur de Guillaume de Nangis à propos des voyages de Clément V.