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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/236

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DU PHARISIAN.

S’il ne l’oneure :
Honorez est qu’à li demeure,
Grant honor a, ne garde l’eure ;
Sanz honor est qui li cort seure[1]
En brief termine.
Gésir soloit en la vermine ;
Or n’est mès hom qui ne l’encline
Ne bien créanz,
Ainz est bougres et mescréanz.
Ele a jà fet toz recreanz
Ses aversaires.
Ses anemis ne prise gaires,
Qu’ele a baillis, provos et maires,
Et si a juges,
Et de deniers plaines ses huges ;
Si n’est cité où n’ait refuges
A grant plenté ;
Partout fet mès sa volenté :
Ne la retient Nonostenté[2]
N’autre justise :
Le siècle gouverne et justice.
Resons est quanqu’ele devise,
Soit maus, soit biens.
Ses serjanz est Justiniens,
Et toz canons et Graciens.
Je qu’en diroie ?
Bien puet lier et si desloie.
S’en .i. mauvès leu ensailloie,

  1. Ces trois vers sont l’équivalent de cette pensée moderne :
    Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.
  2. Terme de jurisprudence que l’auteur personnifie.