Aller au contenu

Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
LES PLAIES DU MONDE.

Plus est bons clers qui plus est riches,
Et qui plus a s’est li plus chiches ;
Quar il a fet à son avoir
Hommage, ce vous faz savoir ;
Et puisqu’il n’est sires de lui,
Comment puet-il aidier nului ?
Ce ne puet estre : ce me samble
Que plus amasse et plus assamble
Et plus li plest à regarder.
Si se leroit ainsois[1] larder
Que l’on en péust bonté trère,
S’on ne li fet à force fère ;
Ainz lest bien aler et venir
Les povres Dieu sanz souvenir.
Toz jors aquiert jusqu’à la mort ;
Mès quant la mort à lui s’amort,
Que la mort vient qui le veut mordre[2],
Qui de riens n’en fait à remordre[3],
Si ne li lest pas délivrer.
A autrui li covient livrer
Ce qu’il a gardé longuement,
Et il muert si soudainement
C’on ne veut croire qu’il soit[4] mors ;
Mors est-il com vils et com ors,
Et com sers à autrui chaté ;
Or a ce qu’il a achaté.
Son testament ont en lien

  1. Ms. 7218. Var. Avant.
  2. Ms. 7615. Var. Penre.
  3. Ms. 7615. Var. Repenre.
  4. Ms. 7615. Var. S’il est.