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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/298

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DE FRÈRE DENISE.

Et ele sot tout son sautier,
Et fu bien de chanter aprise :
O les autres chante en l’église
Mult bel et mult cortoisement ;
Mult se contient honestement.
Or ot damoisele Denise
Quanqu’ele vout à sa devise.
Oncques son non ne li muèrent ;
Frère Denise l’apelèrent[1],
Frère Denise mult amèrent
Tuit li Frère qui léenz èrent ;
Mult plus l’amoit frères Symons.
Sovent se metoit ès limons,
Com cil qui n’en ert pas retrais,
Et il s’i amoit miex qu’ens trais :
Mult ot en lui bon limonier.
Vie menoit de pautonier[2],
Et ot lessié vie d’apostre.
A cele aprist sa patrenostre,
Qui volontiers la retenoit.
Parmi le païs la menoit ;
N’avoit d’autre compaignon cure :
Tant qu’il avint par aventure
Qu’il vindrent chiés .i. chevalier

  1. Le Ms. 7633 ajoute après ce vers la variante suivante, qui n’est pas reproduite par Méon :
    Que vos iroie-ge dizant ?
    Frère Symon fist vers li tant
    Qu’il fist de li touz ces aviaux,
    Et li aprist ces geux noviaux
    Si que n’uns ne s’en aparsut.
    Par sa contenance desut
    Touz ces frères frère Denize ;
    Cortois fu et de grant servize, etc.
  2. Pautonier, homme de mauvaises mœurs.