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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/302

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DE FRÈRE DENISE.

Lors a une grant huche ouverte
Por metre le frère dedenz ;
Et frère Symons tout adenz
Lez la dame se crucefie ;
Et li chevaliers s’umélie,
Qui de franchise ot le cuer tendre,
Quant celi vit en crois estendre,
Si le liève par la main destre :
« Frère, fet-il, volez-vous estre
De cest afère tot délivres ?
Porchaciés-nous jusqu’à .c. livres[1]
A marier la damoisele. »
Quant li Frères ot la novele,
Oncques n’ot tel joie en sa vie.
Lors a sa fiance plevie
Au chevalier des deniers rendre ;
Bien les rendra sanz gage vendre :
Auques set où il seront pris.
Atant s’en part, congié a pris.
La dame, par sa grant franchise,
Retint damoisele Denise,
C’onques de riens ne l’esfroia,
Mès mult durement li proia
Qu’ele fust trestoute séure
Que jà de nule créature
Ne sera son secré séu,
Ne qu’ele ait à homme géu,
Ainçois sera bien mariée[2] ;
Choisisse en toute la contrée[3]

  1. Ms. 7633. Var. Porchaciés tost .iiij. .c. livres.
  2. Ms. 7633. Var. Ainz sera mult bien mariée.
  3. Ms. 7218. Var. Choisisse au miex de sa contrée.