Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
ET DE LA FAMME AU CHEVALIER.

Et defors sert la gent de lobe,
Et s’a la trahison ou cors,
Et fet biau sanblant par defors. »

— « Dame, dame, ne vos anuit !
Avant soufferai jor et nuit
Dès or mès mon mal et ma paine
Que vous die chose grevaine.
Tère m’estuet, je me terai ;
Lessier l’estuet, je le lerai.
Vous aproier, n’en puis plus fère. »
— « Biaus sire chiers, ne me puis tère
Tant vous aim, nus ne l porroit dire.
Or, n’i a plus, biaus très dous sire,
Mès que le meillor regardez
Et du descouvrir vous gardez ;
Quar se la chose est descouverte
L’en nous tendra à gent cuiverte,
Sachiez et si n’en doutez pas.
Alons-nous-en plus que le pas
A tout quanques porrons avoir.
Prenons denier et autre avoir,
Si que nous vivons à honor
Là où nous serons à séjor ;
Quar la gent qui va desgarnie
En estrange leu est honie. »

Dist li chanoines : « Douce amie,
Sachiez ce ne refus-je mie ;
Quar c’est li mieudres que g’i voie.
Or nous meterons à la voie
Anquenuit ; de nuiz mouverons