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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/357

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ET DE LA FAMME AU CHEVALIER.

La rien que je doi plus haïr.
Or me doi-je bien esbahir,
Que ore aurai non sire Ernous ;
Ce seurenon ai-je par vous. »
Dist la dame : « Bien porriez
Miex dire se vous voliiez.
Alez véoir à vostre chose ;
Péchié fet qui de néant chose. »

Tant l’amena, çà va, là va :
Li chevaliers véoirs i va ;
Ne treueve qu’il ait rien perdu.
Ez-le-vous si fort esperdu
C’on le péust penre à la main.
« S’il ne me convenist demain
A mon jor aler, sachiez, dame,
Ne vous mescréisse par m’âme ;
Quar j’ai quanque perdu avoie :
C’est fantosme qui me desvoie. »
Au point du jor tantost se liève,
Au couvent vient et ne li griève,
« Seignor, dist-il, ma fame tain :
R’avez-vous vostre soucrétain ? »
— « Oïl, oïl, dient li moine ;
C’est fantosme qui nous demaine. »
— « Biau, seignor, dist-il au couvent,
Nous avons à enqui convent
Que nous irons à nostre jor
Et nous somes ci à séjor. »

Por ce chascuns s’appareilla,
Montent, chevauchent viennent là,