Aller au contenu

Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
NOTES

De cels de la reonde table
Qui sont a oïr délitable ;
De Gauvain sai le mal parler
Et de Quex le bon chevalier[1].
Si sai de Perceval de Blois
Et de Percenoble le Galois.
Sai-ge plus de .xl. laisses ;
Mais tu, chaitif, te laisses
De mauvaitié et de peresce.
En tot le monde n’a proesce
De quoi tu te puisses vanter ;
Mais ge sai aussi bien conter
De Blancheflor conme de Floire.
Si sai encor moult bon estoire,
Chançon moult bone et anciene :
Ge sai de Tibaut de Viane,
Si sai de Girart d’Aspremont.
Il n’est chançon en tot le mont
Que ge ne saiche por nature.
Grant despit ai com tel ordure,
Com tu es, contre moi parole :
Sez-tu nule riens de citole,
Ne de viele, ne de gigue ?
Tu ne sez vaillant une figue.

De toi n’est-il nus recouvriers ;
Mais ge sui moult très bons ovriers,
Dont je me puis bien recouvrer,
Se de ma main voloie ovrer :
Ansi, com ge voi mainte gent,
Ge conquerroie assez argent,
Mais à nuz tens ge ne faz œuvre.
Ge sui cil qui les maisons cueuvre
D’ues friz, de torteax en paele ;
Il n’a home jusqu’à Neele
Qui mielz les cuevres que ge faz.
Ge sui bons seignerres de chaz

    la Table ronde, et romans d’aventure, c’est-à-dire probablement : romans de chevalerie, où les héros cherchaient des rencontres.

  1. Gauvain et Quex sont deux héros du roman de Tristan : le premier, neveu du roi Arthur, était, si l’on s’en rapporte aux traditions galliques, fils de Gwyar, et l’un des trois chevaliers à la langue d’or ; le second, dont la fidélité et l’attachement envers son maître pourraient être cités comme exemple, était sénéchal du roi Arthur, et avait pour père Cynyr, guerrier célèbre du 6e siècle.