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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/484

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NOTES

Si comperrons ceste venue
Se n’en vient à desconvenue.

Li Cordelier, li Préêcheur
Qui là estoient peschéeur,
Et mains autres religieus
Des quelz il faisoient leur diex,
Et il en faisoient déesses,
Laiens chantoient-il leurs messes
A orgue, à chant et à deschant,
Dont il aloient esléeçant.
Maintes gens qui les escoutoient :
De leurs vois seraines sembloient[1].
Or est sous le banc lor viole,
S’autrement Diex ne les citole,
Lor ordre faudra pou-à-pou :
De la paroisse sont saint Pou
L’apostre de non et de fait.
Je ne sai qui ce leur a fait,
Mais il en sont en grant torment,
Mais il se plaignent moult forment :
Veus en font as sains et as saintes,
Et à saint François lor complaintes,
Et à saint Dominique envoient :
Moult leur prient qu’il les r’avoient ;
Et saint Bernart aussi reclaimment,
Car son ordre et ses Frères aimment,
Et ausinc sainte Bertine,
Car c’est leur prochaine voisine,
Nostre-Dame au Carme après
Retiennent-il souvent de prez.
Bon fust que miracle en féissent
Si que dedens les reméissent
En leur juste possession.
Por ce sont en affliccion
Jor et nuit ; que Diex les sequeure !
Car le secours moult leur demeure.
Envoié ont, c’est vérité,
Au pape qu’il ait d’eulz pité,
Et je croi bien que tant feront
Por les Frères qu’il renterront

  1. Il faut traduire ce vers ainsi : Leur voix ressemblait à celle des sirènes