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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/50

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LA COMPLAINTE RUTEBEUF.

N’en vi .i. seul en mon osté :
Je cuit li vens les a osté.
L’amor est morte :
Ce sont ami que vens enporte,
Et il ventoit devant ma porte ;
S’es enporta,
C’onques nus ne m’en conforta
Ne du sien riens ne m’aporta.
Ice m’aprent
Qui auques a privé le prent ;
Mès cil trop à tart se repent
Qui trop a mis
De son avoir por fère amis,
Qu’il ne’s trueve entiers ne demis
A lui secorre.
Or lerai donc fortune corre :
Si entendrai[1] à moi rescorre,
Se je l’ puis fère.
Vers les preudommes m’estuet trère[2]
Qui sont cortois et débonère
Et m’ont norri :
Mi autre ami sont tuit porri ;
Je les envoi à mestre Orri[3],

  1. Ms. 198 N.-D. Var. Si penseré.
  2. Ms.7633. Var. Vers les bone gent m’estuet traire. — M’estuet signifie : il me convient.
  3. Voici les différentes manières dont les diverses leçons orthographient ce mot : Ms. 7633, Horri ; Ms. 7615, Hauri ; Ms. 198 N.-D., Ourri. Je suis resté longtemps incertain sur la signification de ce vers, et je ne savais trop à quel genre de personnage il faisait allusion, lorsque la pièce intitulée Ci encoumance de Charlot le Juif qui chia en la pel dou lièvre est venue mettre fin à mes incertitudes. J’en demande humblement pardon à mes lecteurs pour Rutebeuf et pour moi, mais il s’agit tout simplement ici du chef des vidangeurs de Paris au 13e siècle. À la fin,