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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/65

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LA GRIESCHE D’ESTÉ.

Por ce que li argens art gent,
N’en ont que fère,
Ainz entendent à autre afère :
Au tavernier font du vin trère ;
Or entre boule
Ne boivent pas, chascuns le coule[1].
Tant en entonent par la goule,
Ne lor sovient
Se robe achater lor covient.
Riche sont, mès ne sai dont vient
Lor grant richèce :
Chascuns n’a riens quant il se drèce.
Au paier sont plains de perèce :
Or faut la feste,
Or remainent chançons de geste ;
Si s’en vont nu comme une beste
Quant il s’esmuevent.
A lendemain povre se truevent ;
Li dui dé povrement se pruevent :
Or faut quaresme
Qui lor a esté dure et pesme.
De poisson autant com de cresme
I ont éu :
Tout ont joué, tout ont béu.
Li uns a l’autre decéu,
Dist Rustebués,
Por lor tabar[2], qui n’est pas nués,
Qui toz est venduz en .ij. oés[3] ;

  1. Ce vers manque au Ms. 7615.
  2. Tabar : voyez pour ce mot une des notes de la Complainte du roi de Navarre.
  3. Les huit vers qui suivent sont transposés d’une manière fautive dans le Ms. 7633.