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Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/92

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COMPLAINTE OU CONTE DE NEVERS.

Lasus elz cielz fait boen semoir,
N’estuet pas la terre femreir
Ne ne c’i puet repaitre oiziaux.
Quant por Dieu se fist entameir,
Que porra Diex sor li clameir,
Quant il jugera boens et maux ?

Ha ! cuens Jehan[1] ! biau très dolz sire !
De vos puisse hon tant de bien dire
Com hon puet dou conte Huede faire,
Qu’en lui a si bele matyre
Que Diex c’en puet joer et rire
Et sainz paradix c’en resclaire !
A iteil fin fait-il bon traire
Que hon n’en puet nul mal retraire !
Teil vie fait-il boen eslire !
Doulz et pitouz et débonaire
Le trovoit-hon en toz afaires :
Sages est qu’en ces faiz ce mire.

Mesire Erart[2], Diex vos maintiegne
Et en bone vie vos tiegne,
Qu’il est bien mestiers en la terre !
Que c’il avient que tost vos preigne,

  1. Jean, fils de saint Louis, né à Damiette durant la captivité du roi, en 1250, et qui avait reçu le nom de Tristan à cause des malheureuses circonstances
    dans lesquelles il était venu au monde. Ce prince avait épousé, par traité du mois de mai 1266, Yolande, fille aînée d’Eudes de Bourgogne et de Mahaut II (voyez la note du titre de cette complainte, p. 55), auxquels il succéda dans le comté de Nevers. Il fit en 1268 hommage de la
    terre des Riceis, qu’il tenait de sa femme, à l’évêque de Châlons-sur-Saône, et mourut le 3 août 1270 devant Tunis, où il avait accompagné le roi son père.
  2. Voyez, pour Érart de Valéry, la note G, à la fin du volume.