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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/271

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GEORGE SAND

Puis, s’élançant comme elle
Sur les flots en fureur,
Rire à la mer cruelle
Où sombre le pêcheur.

En vain de son passage
Sur l’océan vermeil
J’ai cherché le sillage
Au lever du soleil.
La grève de sa trace
Ne peut rien retenir ;
D’elle, hélas ! tout s’efface,
Tout, hors le souvenir !

Le pieux solitaire
A cru souvent, la nuit,
Voir sa forme légère
Glisser dans son réduit ;
Mais, loin qu’il l’exorcise,
À son regard si doux.
Pour un ange il l’a prise
Et s’est mis à genoux.

Du chasseur téméraire
Elle égare les pas.
Et rase la bruyère
En lui tendant les bras ;
Sur la mare trompeuse ;
Qu’elle effleure sans bruit.
Elle l’attend, moqueuse.
L’y fait choir, et s’enfuit.

Mais, dit-on, la diablesse,
Soit caprice ou remord,
Parfois d’une caresse
Tient en suspens la mort.
Eh bien ! Mab est si belle,
Qu’on me verrait courir
Après un baiser d’elle,
Quand j’en devrais mourir.