Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/293

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Le lendemain, à l’heure où le soleil éclaire
De ses premiers rayons la ville funéraire,
Au pied du mont Louis on voit, sous les rameaux
De ces sombres cyprès, alcôve des tombeaux,
Cette masse de terre, humide encor, qu’exhausse
Un cercueil fraîchement déposé dans la fosse.
Là reposent, hélas ! l’un sur l’autre jeté,
Une épée, un drapeau : — Valeur ! — fatalité !
Là se penche une femme aux traits déjà livides.
Qui de son sein meurtri, de ses lèvres avides,
Étreint avec amour la tombe fraîche encor.
Puis est jetée aussi, comme un dernier trésor.
Une rose, penchant la tête sur sa branche
Et tombant feuille à feuille.
                         Hélas ! la rose blanche,
Resplendissante un jour, morte le lendemain,
A vécu plus longtemps que le bonheur humain.