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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/44

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de madeleine des roches

....................
Nos parents ont la louable coutume,
Pour nous tollir[1] l’usage de raison,
De nous tenir closes dans la maison
Et nous donner le fuseau pour la plume.
Traçant nos pas selon la destinée
On nous promet liberté et plaisir ;
Et nous payons l’obstiné déplaisir
Portant la dot sous les lois d’hyménée…
Il faut soudain que nous changions l’office
Qui nous pouvait quelque peu façonner.
Ou les maris ne nous feront sonner
Que l’obéir, le soin et l’avarice.
Quelqu’un d’entre eux ayant fermé la porte
À la vertu, nourrice du savoir.
En nous voyant craint de la recevoir
Pource qu’ell’ porte habit de notre sorte…
Les plus beaux Jours de nos vertes années
Semblent des fleurs d’un printemps gracieux,
Pressé d’orage et de vent pluvieux.
Qui vont borner les courses terminées.
Au temps heureux de ma saison passée
J’avais bien l’aile unie à mon côté ;
Mais en perdant ma jeune liberté,
Avant le vol ma plume s’est cassée…

à une amie

Las ! où est maintenant ta jeune bonne grâce.
Et ton gentil esprit plus beau que ta beauté ?
Où est ton doux maintien, ta douce privauté ?
Tu les avais du ciel, ils y ont repris place.

Ô misérable, hélas ! toute l’humaine race
Qui n’a rien de certain que l’infélicité !
triste que je suis, ô grande adversité !
Je n’ai qu’un seul appui, en cette terre basse.

  1. Enlever.