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Page:Ségur - Témoignages et souvenirs.djvu/269

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brés, et nul étranger ne les ignore. La foule y afflue ; quiconque a passé huit jours à Paris les a scrupuleusement visités, et les Parisiens eux-mêmes les connaissent au moins de réputation.

Mais à côté de ce monde des arts et des sciences, des souvenirs royaux, des grands monuments et des palais magnifiques, il est à Paris tout un autre monde qui a, lui aussi, ses monuments, ses musées et ses souvenirs, un monde presque inconnu de la multitude, dont les livres ne disent rien, que les étrangers ne visitent pas plus que les Parisiens, près duquel les uns et les autres passent avec indifférence quand ce n’est pas avec mépris c’est le monde de l’Église, le monde de la foi, de la prière et de la charité catholique. De ce monde on connaît bien quelque chose ; on connaît les merveilles de ses temples, les sculptures de ses portiques, les ornements de ses autels, les pompes de ses cérémonies, mais on ignore ses beautés véritables, ses œuvres, ses trésors, ses sanctuaires intimes avec leur histoire et leurs souvenirs.

C’est un de ces trésors cachés, un de ces sanctuaires que je voudrais faire connaître et admirer entre tous, parce que je n’en sais point de plus touchant pour tout homme qui a conservé, je ne dis pas de la foi, mais du cœur.

À l’angle de la rue du Bac et de la rue de Babylone, au fond d’une cour retirée, est un établissement d’un aspect modeste et tranquille, qui se compose d’une église et d’un bâtiment antique, sombre, sans aucune décoration extérieure. Au dedans de grands escaliers, tels qu’on les construisait autrefois, de larges corridors qui courent d’un bout à l’autre de chaque étage, donnent à cette maison un air de vieillesse et de gravité. Les seuls ornements des murs consistent dans quelques images de la sainte Vierge et de saints, qui indiquent que les habi-