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Page:Sénèque - Œuvres complètes, trad. Baillard, tome II.djvu/483

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LIVRE I.

ments qu’il divise ne peuvent renvoyer son image. Le matin, au contraire, et lorsqu’il penche vers son couchant, il a moins de force, et ainsi les nuages peuvent résister et le répercuter. Ensuite, l’iris ne se formant d’ordinaire que quand le soleil fait face au nuage, dans les jours courts l’astre est toujours oblique. Ainsi, à toute heure de la journée, il trouve, même au plus haut de son cours, d’autres nuages qu’il frappe directemont. En été, il est vertical par rapport à nous, et à midi surtout il est trop élevé et trop perpendiculaire, pour qu’aucun nuage puisse se trouver en face ; ils sont tous au-dessous.

IX. Parlons maintenant de ces verges lumineuses qui brillent, comme l’iris, de teintes variées, et que nous regardons aussi comme pronostics de pluie. Elles ne sont pas difficiles à expliquer, n’étant autre chose que des arcs-en-ciel imparfaits : elles sont colorées, mais n’ont point la forme demi-circulaire ; c’est en ligne droite qu’elles s’allongent. Communément elles se forment près du soleil dans un nuage humide, qui commence à se résoudre en pluie. Elles ont par conséquent les mêmes teintes que l’arc-en-ciel ; leur figure seule diffère, parce que celle des nuages où elles s’impriment est différente.

X. La même variété de couleur existe dans les couronnes ; seulement les couronnes se forment partout, autour de tous les astres ; l’iris ne brille qu’à l’opposite du soleil, et les verges lumineuses dans son voisinage. On peut encore marquer ainsi les différences : la couronne, partagée en deux, sera un arc ; ramenée à la ligne droite, c’est une verge. Les couleurs variées de ces trois météores sont des combinaisons de l’azur et du jaune. La verge avoisine toujours le soleil ; l’arc-en-ciel est solaire ou lunaire ; la couronne peut se former autour de tout astre.

XI. Il y a encore une autre espèce de verges : ce sont des rayons déliés qui traversent les nues par les étroits intervalles qui les séparent, et s’échappent en lignes droites et divergentes ; ils présagent pareillement la pluie. Or, ici, quel parti prendre ? Comment les appellerai-je ? Images du soleil ? Les historiens les nomment des soleils, et rapportent qu’on a en vu jusqu’à deux et trois à la fois. Les Grecs les appellent parhélies[1], parce que d’ordinaire ils se montrent dans le voisinage du soleil, ou qu’ils ont avec cet astre une sorte de ressemblance. Car elle n’est pas complète ; elle se borne à l’image et àla figure. Du reste, ils n’ont rien de sa chaleur ; ce sont des rayons émoussés et lan-

  1. Sénèque parle encore des parhélies, liv. II, ii.