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Page:Sénèque - Œuvres complètes, trad. Baillard, tome II.djvu/579

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LIVRE V.

Ainsi, quand nous disons qu’il y a six cas. ce n’est pas que chaque nom en ait six, c’est qu’aucun n’en reçoit plus de six. Ceux qui ont reconnu douze vents se sont fondés sur la division analogue du ciel. En effet, le ciel est partagé en cinq zones, dont le centre passe par l’axe du monde. Il y a la zone septentrionale, la solsticiale, l’équinoxiale, la brumale, et la zone opposée à la septentrionale. On en ajoute une sixième qui sépare la région supérieure du ciel de la région inférieure. Car, comme tu sais, toujours une moitié du monde céleste est sur notre tête, et l’autre sous nos pieds. Or, cette ligne qui passe entre la portion visible et la portion invisible, les Grecs l’ont appelée horizon ; les Romains finitor ou finiens. Il faut joindre à ce cercle le méridien, qui coupe l’horizon à angles droits. De ces cercles, quelques-uns courent transversalement et coupent les autres par leur rencontre. Par une suite nécessaire, les divisions du ciel égalent en nombre ces coupures. Donc l’horizon, ou cercle finiteur, en coupant les cinq cercles dont je viens de parler, forme dix portions : cinq à l’ouest, et cinq à l’est. Le méridien, qui coupe aussi l’horizon, donne deux régions de plus. Ainsi l’atmosphère admet douze divisions, et fournit même nombre de vents. Quelques-uns sont particuliers à certaines contrées et ne vont pas plus loin, ou ne se portent que dans le voisinage. Ceux-là ne s’élancent point des parties latérales du monde. L’Atabulus tourmente l’Apulie, l’Iapyx la Calabre, le Sciron Athènes, le Catégis la Pamphylie, le Circius la Gaule. Bien que ce dernier renverse même des édifices, les habitants lui rendent grâces ; ils croient lui devoir la salubrité de leur ciel. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’Auguste, pendant son séjour en Gaule, lui voua un temple qu’il bâtit en effet. Je ne finirais pas si je voulais nommer tous les vents ; car il n’est presque aucun pays qui n’en voie quelqu’un naître dans son territoire et mourir dans ses environs.

XVIII. Parmi tant d’autres créations de la Providence, celle-ci donc mérite bien l’admiration de l’observateur ; car ce n’est pas dans un but unique qu’elle a imaginé et disposé les vents sur tous les points du globe. Ce fut d’abord pour empêcher l’air de croupir ; puis ils durent l’agiter sans cesse, pour le rendre utile et propre à entretenir la vie de tout ce qui respire. Ce fut aussi pour envoyer à la terre les eaux du ciel, et prévenir en même temps leur trop grande abondance. Tantôt, en effet, ils entassent les nuages, tantôt ils les disséminent, afin de répartir les pluies sur tous les climats. L’Auster les pousse sur