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Page:Sénèque - Œuvres complètes, trad. Baillard, tome II.djvu/645

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SUR LES LETTRES DE SÉNÈQUE.

qu’il l’ait aux reins ; comme s’il n’estoit point assez à temps de souffrir le mal lorsqu’il y sera, il l’anticipe par fantaisie et luy court au devant. » (Montaigne, II, XII.)


LETTRE VI.

17. « Le tout ne vaut pas la moitié. » (Hésiode, Théog.) « Nul plaisir n’a saveur pour moy, sans communication : il ne me vient pas seulement une gaillarde pensée en l’âme qu’il ne me fasche de l’avoir produite seul et n’ayant à qui l’offrir.» (Montaigne, III, IX.)

Nihil est homini amicum, sine homine amico. (Saint Augustin, ad Prob., épître CXXX.)

L’allégresse du cœur s’augmente à la répandre ;
Et goûtât-on cent fois un bonheur tout parfait,
On n’en est pas content si quelqu’un ne le sait.

(Molière, École des femmes, IV, sc. VI.)

Eh ! jouit-on des biens que l’on n’ose répandre ?
Donner c’est acquérir, enseigner c’est apprendre.

(Colardeau, IIe Nuit d’Young.)


LETTRE VII.

18. Comparez à ce beau passage les molles et indécises paroles de Cicéron : « Les spectacles de gladiateurs semblent à quelques personnes une chose cruelle et inhumaine ; et je ne sais s’ils n’ont pas raison, vu ceux qu’on nous donne aujourd’hui. » (Tusc., II, XVII.) On a dit qu’il était réservé au christianisme de réclamer contre ces spectacles. Sénèque avait pris l’initiative, et même Pétrone, son contemporain, au début du poème de la Guerre civile.

19.

Le public à vos vers applaudit :
C’est quelque chose ; mais la gloire
Ne compte pas toujours les voix ;
Elle les pèse quelquefois.
Ayez celle d’Harlay, lui seul est un théâtre.

(La Fontaine, Lettre à M. de Harlay.)

                           Mille suffrages !
Mais en faut-il tant à mes vers ?
Mes amis me sont l’univers. (Gresset, Ép. à ma muse.)


LETTRE VIII.
20.

Je dérobe au sommeil, image de la mort,
Ce que je puis du temps qu’elle laisse à mon sort ;
Près du terme fatal prescrit par la nature
Et qui me fait du pied toucher la sépulture.
Près des derniers instants dont il presse le cours.
Ce que j’ôte à mes nuits je l’ajoute à mes jours.