Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pleurs amers qui ont inondé souvent ses yeux.

J’ai demeuré un mois à Venise où s’était retiré un de mes amis, j’y trouvai mon valet de chambre qui m’y attendait depuis huit mois, et qui avait sauvé de Nice ma vaisselle et une somme assez considérable. Il lui avait fallu autant de courage et d’adresse que de fidélité, pour me rendre le service qui me met à portée de vivre dans l’aisance. Le peuple Vénitien est bon et obligeant, et il n’est point de secours qu’il n’ait offert et donné aux Français qui en avaient besoin. Je me contenterai de vous citer un trait de l’hospitalière bonté de cette nation. Un des prêtres qui étaient venus avec nous, disait depuis quinze jours la messe dans une paroisse, et c’était son unique moyen de subsister ; un jour il fut suivi au