Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lu ces gazettes ; mais comme elles pourraient vous parvenir, je ne perds pas un instant pour prévenir l’inquiétude qu’elles auraient causée à mon Émilie. Il faudrait en vérité que la génération actuelle eût reçu des ames plus fortes ou insensibles pour résister aux troubles et aux spectacles terribles de la malheureuse époque où nous vivons. Je viens de lire les confessions de Rousseau, qui a l’art d’intéresser en racontant des faits minutieux, et qu’un autre ne serait pas tenté de relever ; et je songeais après cette lecture aux circonstances présentes ; je me disais : quelle énergique peinture n’aurait pas faite un si grand homme d’événemens qui demanderaient toute la pénétration de son esprit observateur, pour en démêler les causes, et toute la vigueur et la clarté de son style pour les bien expliquer ; mais