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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/156

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noblesse, les richesses, les dignités sont mises au rang des crimes, et les domestiques épouvantés deviennent les accusateurs de leurs maîtres. La vertu n’est cependant pas tout-à-fait disparue de ce siècle, et il offre de grands exemples. Les mères suivent leurs enfans fugitifs, les épouses leurs maris. Les personnages les plus illustres sont réduits à la plus affreuse misère et la supportent avec fermeté. Enfin les morts les plus glorieuses que célébre l’antiquité, n’ont rien qui surpasse celles de nos jours. Comment trouvez-vous le récit du Comte de Verville ? Aucun siècle, direz-vous, ne rassemble autant de cruautés, et une aussi féroce insensibilité. Eh bien ! mon cher ami, il y a dix-huit cents ans que Rome présentait un aussi horrible tableau, et ce que vous venez de lire est la fidelle, si ce n’est