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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/27

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votre ami ait le cœur rempli de sentimens qui ne devraient naître que dans le calme et la prospérité ; mais il faut faire une distinction : les impressions passagères, auxquelles est si facilement ouvert le cœur des gens heureux, ont pour principe le goût du plaisir, et ne présentent que l’idée d’une préférence souvent inspirée par le caprice ; de tels sentimens, j’en conviens, ne peuvent trouver place au milieu des plus affreuses circonstances ; mais ceux que j’éprouve ne sont pas de ce genre, ils m’offrent au lieu de la perspective du plaisir, celle de sacrifices répétés et de la plus gênante contrainte. C’est peut-être lorsque des malheurs multipliés ont invité le cœur à l’émotion, qu’il est le plus susceptible de ces sentimens ; les malheureux ont le cœur plus tendre parce qu’il est exercé à