Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/293

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moi-même ; le Marquis ne serait pas si dangereux, si mon cœur ne conspirait pour lui ; s’il me permettait de le repousser avec toute la sévérité de l’indifférence : c’est donc contre moi aussi que j’ai des précautions à prendre. Sa témérité d’hier m’a laissée dans un trouble qui ne venait pas seulement de la surprise et du mécontentement ; il y avait dans ce trouble quelque chose qui allait jusqu’à mon ame, et une sorte de plaisir, je crois, se mêlait à une véritable colère ; c’est en réfléchissant cette nuit à ce qui m’est arrivé, que j’ai démêlé ces divers mouvemens. C’est ma raison alarmée qui a porté sa lumière dans mon ame, et m’a donné ces avertissemens. L’idée m’est venue de me confier à ma mère ; qu’en dites-vous ? Instruite de la situation de mon ame, et des inquiétudes que me cause le Marquis, elle