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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/320

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plus grande diligence. Je pense comme vous ; comment être rassurée en pareille circonstance ! qui peut répondre des idées funestes, qui d’un instant à l’autre s’élèvent dans la tête d’un homme égaré par le désespoir ? Il a tout perdu, patrie, amis, parens, fortune, et dans cet état affreux de privations, son cœur devenu encore plus sensible par le malheur, s’est attaché à un objet, qui n’aurait peut-être pas fait grande impression sur lui dans une autre circonstance ; on lui enlève cet objet, à qui le besoin d’aimer a prêté mille charmes, et je conçois son désespoir. Je l’ai maltraité, il n’a pu supporter ce dernier malheur, ajouté à tant d’autres. J’attends avec un battement de cœur perpétuel, le retour de mon exprès. S’il était arrivé trop tard !… si des réflexions douloureuses sur ses malheurs passés, sur