Aller au contenu

Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur la question s’il y a du courage à se tuer ; la nature a donné à l’homme une horreur de sa destruction, qui ne peut être surmontée que par le courage, par un désespoir qui en tient lieu, ou par une noire mélancolie qui inspire le dégoût de la vie. Madame de *** était, dites-vous, faible et timide ; mais l’histoire nous apprend que les femmes ont souvent montré un courage qu’on n’attendait pas d’elles, et il ne faut pas juger de notre caractère par de certaines habitudes. Les courtisans passent des délices de la cour, du sein de la mollesse et du luxe au champ de mars, et les mêmes hommes qui couchaient sur le duvet, couchent gaiement la nuit au bivouac exposés à toutes les injures de l’air. Beaucoup de gens ressemblent pour le courage, à ces avares qui gémissent à chaque petite somme