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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/87

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intérêt plus puissant m’anime, et ce sont vos bons offices, et non des secours que j’invoque pour une malheureuse orpheline digne d’un meilleur sort : je dis orpheline, car il ne s’en faut que de peu de jours qu’elle soit privée de mon faible appui. Si vous daignez lui accorder le vôtre, je me croirai heureux en quittant cette vie, et je bénirai le ciel de n’avoir pas permis qu’elle soit tranchée par le fer des bourreaux, et de m’avoir préservé d’une résolution désespérée, que la religion m’interdit. Je n’oublierai jamais d’avoir vu quatre malheureux Émigrés s’avancer vers la Meuse, se tenant par la main, et s’y précipiter après s’être dit un déplorable adieu. Combien d’autres errent dans divers lieux, poursuivis par le besoin ? Combien sont forcés de travailler de leurs mains ? Il est des