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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/116

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monde, si injuste et si cruel envers elle. Cette idée fit insensiblement des progrès dans mon esprit, et réfléchissant sur ma situation, je sentis que je serais désagréablement dans le monde, et que j’y porterais une perpétuelle inquiétude sur l’opinion de ceux qui me feraient le plus d’accueil ; ces réflexions me menèrent à songer que l’honneur réside entièrement dans l’opinion des autres. On peut être, me disais-je, déshonoré ici et considéré dans un autre lieu, où la calomnie n’a pas répandu ses venins ; mais si les lieux établissent ces différences de situations, le changement de nom et de figure les rend encore plus marquées. Si j’étais à la Chine, que m’importerait ce qu’on dit de moi en France ; si je reste en France avec une figure et un nom différens de celui que j’avais, que