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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/147

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encore. Accablée par le malheur, l’espoir a fui de mon ame, et mes tristes jours sont à leur terme. Les symptômes du dernier acte des maladies de poitrine m’annoncent ma prochaine et inévitable fin.

Voilà, mes chères amies, l’énigme de ma vie expliquée ; ménagez mon faible courage, votre douleur et vos larmes seraient pour moi un spectacle si déchirant… ! Je ne veux plus entendre parler de la France, je puis tout craindre et ne puis rien désirer. Si mon mari apparaissait subitement dans ma chambre, le plaisir de le voir ferait empoisonné par la nécessité de m’en arracher dans peu pour jamais, et le Chevalier ne survivrait pas au désespoir de ma mort, dont il serait le témoin. J’ai mis quinze jours à faire cette lettre ; son désordre, la négligence qui y règnent