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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/209

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n’exagère pas. Ses traits sont en quelque forte présens à mon esprit, par la connaissance que j’ai des objets propres à faire effet sur mon ami. La beauté est moins pour la plupart des hommes une harmonie sublime de proportions, qu’une réunion de traits qui leur présagent la volupté qu’ils cherchent. Plus on a cédé à l’empire de ses sens, et plus ils offrent à l’imagination, sans qu’on s’en rende compte, le genre de formes qui les flatte le plus ; mais celui qui a su résister à leur impétueuse ardeur, est différemment affecté ; la beauté se présente à lui sous des traits sublimes, qui peignent la beauté de l’ame et pénétrent la sienne d’un sentiment qui semble n’avoir rien de matériel ; les déesses chez les uns prennent des formes humaines pour se livrer aux dérèglemens des sensations, et chez les autres les mortelles