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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/215

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C’est bien le cas de dire avec Molière où la vertu va-t-elle se nicher ?

Si le spectacle de l’émigration déchire le cœur, il est aussi une source de réflexions profondes. On y voit souvent l’homme rendu en quelque sorte à son état primitif, et réduit à vivre de son industrie ; on voit développer un grand courage à des gens qu’on croyait faibles et pusillanimes ; mais on apprend aussi que les malheurs généraux, loin d’adoucir les hommes et de resserrer les liens de l’humanité, les mettent dans un état de rivalité qui dégénère bientôt en hostilité. Combien de fois depuis mon émigration, je me suis rappelé ces vers.

« Je crois voir des forçats dans un cachot funèbre
« Pouvant se secourir, l’un sur l’autre acharnés,