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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/170

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Rendez grâce pour le coup à votre métaphysicienne, puisqu’elle vous prouve que notre bonheur est au-dessus de toute expression. Les hommes personnels, dont tous les sentimens se rapportent à eux, pourroient-ils comprendre la félicité que fait éprouver cette variété de tendres affections. Chacune d’elles est je crois pour mon cœur, ce que les sens sont au corps ; n’est-ce pas un bonheur que d’en avoir plusieurs ? ils se renforcent l’un par l’autre et forment une succession de sensations diverses : n’est-ce pas véritablement savoir s’aimer, que de se reproduire en quelque sorte dans plusieurs autres qui sont autant de nouveaux moi. Celui qui est doué d’une vive sensibilité, ressemble à un homme qui a part dans les billets de loterie de plusieurs autres, il a plus de chances pour être heureux, et il