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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/20

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que mon projet est de vous rejoindre avant peu, d’habiter le séjour qui vous conviendra, et de confondre nos fortunes jusqu’à des temps plus heureux. Je serais donc fondé à vous reprocher de faire un outrage à l’amitié ou à votre ami ; mais je sens que vous vous êtes dit, qu’on peut recourir à un ami dans un besoin pressant, et lui demander un secours passager ; qu’il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit de lui enlever chaque jour une partie de son bien-être, de restreindre ses jouissances. Une telle délicatesse semble pouvoir s’allier avec l’amitié qui souffre des privations d’une personne chère. Cependant, Madame, ces sacrifices ne doivent-ils pas être plutôt enviés que redoutés par celle qui en est l’objet. Vous pouvez aussi mettre dans la balance quelques jouissances du superflu avec la privation