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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/58

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d’un monde fabuleux, et appelé à partager avec les riches. Ah ! combien, mon fils, il est faux que la nature qui s’embarrasse si peu des individus, ait fait les hommes égaux ; et combien on s’éloignerait de l’humanité en voulant rapprocher les hommes de ce que l’on appelle l’état de nature. Le monde considéré sous cet aspect, n’offre qu’une scène de douleur, uniforme et dégoûtante ; des millions d’êtres doués du sentiment et de la vie, qui ne se conservent qu’aux dépens, qu’au prix des souffrances et de la destruction d’autres êtres qu’ils dévorent, et qui ont de commun avec eux la sensibilité, peut-être même la pensée. Quels crimes ne seraient pas consacrés par le récit des guerres perpétuelles et sanglantes des habitans de l’air, des mers et de la terre ! Que le système de Pope est absurde, et qu’il est insultant pour