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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/143

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sympathie, une ardeur tout apostolique, une éloquence pressante quoique familière, enfin un tableau saisissant dans son raccourci de l’action sociale du catholicisme.

Que vaut, après cela, le poème de la Charité ? J’avoue qu’il me paraît assez médiocre et que je lui préfère de beaucoup l’Avenir (1847) et l’Hymne au siècle (1848), où règne un véritable lyrisme.

Dans l’Avenir, Weustenraad développe, avec une magnifique ampleur, un rêve humanitaire commun à beaucoup d’âmes généreuses de ce temps. Au moment où il écrit (1847), il y a plus de trente ans que la paix règne entre les États européens ; une aussi longue trêve est sans précédent dans les annales de l’humanité. Il n’était donc pas vain, l’espoir formulé par Charles Donald, seize années plus tôt, dans les Chants de réveil ; le poète saint-simonien n’avait pas eu tort de croire que le dix-neuvième siècle verrait disparaître l’antique fléau, la guerre. Il sied pourtant de ne pas se réjouir trop tôt :

Honte à qui sacrifie, au milieu de nos fêtes,

À d’énervants plaisirs sa mâle puberté !…
Honte à qui chante et rit, sourd aux cris de détresse

xxxxxxDu faible en proie à l’oppresseur !…[1]
  1. Cf. Lamartine : Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle !… On sait du reste que toute une partie de l’œuvre de Lamartine, et non la moins éloquente, est d’inspiration humanitaire.